L’univers de Lune Siamoise

Le décor de Lune siamoise

Le roman « Lune siamoise » a pour décor la Thaïlande passionnément, la Belgique modérément et un peu le Japon. En Thaïlande, « Lune siamoise » raconte l’histoire de Moon et suit son parcours partant de sa région natale d’Issan, le nord-est de la Thaïlande, à la bourgade de banlieue où elle habite avec ses parents, jusqu’au mariage sur la belle plage de Pran Buri, près de la station balnéaire de Hua Hin, en passant par Bangkok, sa streetfood, ses restaurants en plein ciel, sa tour fantôme, ses bars sulfureux et aussi par Lard Yao, la prison pour femmes et bien d’autres endroits encore. Ci-dessous, une reconstitution illustrée des lieux du drame de « Lune siamoise ».

L’Issan, la Thaïlande rurale

Paysage d'Issan

© Pixabay

L’issan est la région du Nord-Est de la Thaïlande. C’est une région pauvre et rurale où le temps s’écoule lentement. Selon certains, il s’agit de la Thaïlande authentique, loin de la fureur et de l’extravagance de la capitale et des régions touristiques du Nord-Ouest (Chang Maï, Chang Raï) et des plages du Sud. L’Issan est bordé par le fleuve Mékong qui fait office de frontière avec le Laos. Quand on parcourt l’Issan, on a l’impression que le temps n’a pas bougé. Il n’est pas rare de croiser des agriculteurs labourant leur champ à l’aide de buffles.

Moon garde de cette enfance à la campagne d’épars souvenirs riches en émotions… La fierté matinée de crainte de conduire les buffles tellement impressionnants au champ dans la brume du matin, l’indolente langueur après une éreintante journée de cueillette de pomelos, le bonheur de se baigner dans la rivière Moon au soleil couchant, la frousse d’une rencontre nocturne avec un fantôme sur le sentier menant au cabanon des toilettes dans le jardin…

Extrait Lune siamoise
© Pixabay

La population de l’Issan s’élève à un peu plus de 20 millions d’habitants. Le niveau de vie y est le plus bas de la Thaïlande. La population vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Le riz est la culture dominante. La vie en Issan peut se révéler rude. L’agriculture y est difficile. Les périodes de sècheresse alternent avec de fréquentes inondations. Ces conditions de vie ont incité nombre d’Issanais d’émigrer vers d’autres régions et particulièrement dans la capitale pour y tenter leur chance. Souvent ils y occupent des métiers peu considérés et mal payés.

Malgré tout, l’Issan garde une certaine douceur de vivre pétrie de traditions et beaucoup d’Issanais reviennent vivre dans leur région natale après avoir amassé un (maigre) capital.

Beaucoup d’occidentaux retraités ont choisi d’aller vivre en Issan avec leur épouse thaïlandaise. Ils semblent y passer une vie heureuse. En Issan, On peut acheter une maison pour une bouchée de pain ou plutôt un bol de riz. Il faut bien sûr apprécier les joies d’une vie simple et se lever et se coucher avec les poules …

Bien, moi en ce qui me concerne mon souvenir le plus mémorable d’Issan, c’est d’avoir un jour été surpris en scooter par une pluie torrentielle sur une route longeant les rizières dans la région de Nong Khai. Jusque là,rien d’extraordinaire dans un pays tropical. C’était il y a une trentaine d’années. M’étant arrêté pour mettre ma cape, j’aperçois soudain une nuée sombre mouvante à quelques centaines de mettre devant moi. J’écarquille les yeux et ce que je distingue me fait froid (malgré les trente degrés) dans le dos. La nuée, c’est en fait un troupeau de serpents noirs traversant en masse de droite à gauche la route d’une rizière à l’autre ! Ils grouillent et font des petits bonds en ondulant. N’écoutant que ma couardise, je me retourne pour faire demi-tour et là, horreur infinie, je découvre la même vision d’enfer derrière moi et encore plus proche ! A croire que tous les serpents de la région se sont donné le mot de déménager d’une rizière à l’autre. Faute de choix, je ne peux pas rester planter là au risque que d’autres serpents surgissent à ma droite. Je décide alors de tenter le tout pour le tout. Je démarre, pousse les gaz à fond du scooter. Je prend de la vitesse et fonce sur le troupeau de serpents. Je lève les jambes le plus haut possible et je traverse en trombe la masse de serpents. J’ai peut-être fermé les yeux. Je n’ai plus trop de souvenir. Tout ce que je me rappelle, c’est le bruit des serpents sous mes roues. J’étais sauf. J’ai filé sans regarder derrière moi vers la ville échappant comme à un cauchemar… Donc voilà. m’établir en Issan, je ne suis pas prêt.

Je n’ai malheureusement pas pu filmer ou photographier la scène. A l’époque les téléphones portables n’existaient. J’ai recherché sur internet et je n’ai rien trouvé de ce qui ressemblait à ce que j’ai vu ce jour-là. La seule vidéo que j’ai dénichée, c’est ceci. Mais il faut imaginer cela avec des centaines de serpents …

La prison pour femmes de Yard Lao

Le chapitre sur le séjour de Moon en prison fut sans doute le plus compliqué à écrire. Je n’ai rencontré Moon (nom d’emprunt bien sûr) qu’à une seule reprise pour qu’elle me raconte son histoire. En quelques heures, j’ai donc pris des notes en consacrant la majeure partie du temps à poser des questions sur son séjour en prison. Je savais que celui-ci serait la parte du livre la plus malaisée à documenter. On trouve peu d’informations sur le net au sujet des prisons pour femmes en Thaïlande et il est malaisé de les visiter. Moon fut cependant assez loquace sur son séjour carcéral et je pense sincèrement que mon récit ne trahit pas la réalité.

© Barbara Lewis

La première question que je me suis posée était de savoir s’il était possible en Thaïlande d’être condamné lourdement (cinq années de prison) pour simplement s’être trouvé là au mauvais endroit, au mauvais moment. Le témoignage de Moon m’a parut sincère. Mais de plus, j’ai trouvé d’autres récits qui allaient dans le même sens. Les autorités thaïlandaises mènent de longue date une guerre impitoyable contre la drogue. Les peines sont sévères tant pour les trafiquants que les simples consommateurs. Et tant la police que la justice ne font pas dans la dentelle. Alors que chez nous en Belgique ou en France, il serait inconcevable d’être condamné pour simplement s’être trouvé en compagnie de son petit ami, lui-même en possession de drogue, enThaïlande, il semble que cela s’assimile à de la complicité délictuelle. Un délit de mauvaise fréquentation en quelque sorte.

L’histoire de Moon, surprise par la police en compagnie de son ami petit trafiquant de drogue et condamnée de ce fait à la prison m’a parut crédible et de surcroît ne semble pas être un cas exceptionnel, loin s’en faut.

Cette sévérité des autorités semble frapper particulièrement les femmes. La Thaïlande possède en effet un des plus haut taux au monde du nombre de détenus féminins . La grande majorité (plus de 80%) des femmes emprisonnées le sont pour des faits de drogue. Les conditions de détention sont comme on peut s’y attendre spartiates. La chaleur étouffante et incessante, même si les Thaïlandais y sont accoutumés, et l’hygiène déficiente sont autant insupportables que la privation de liberté.

Les cent cinquante détenues des trois dortoirs formaient une longue queue allant du préau vers le local des douches. Elles attendaient leur tour pour pénétrer dans la salle d’eau qui comprenait dix douches sans portes. Moon sentait le stress monter en elle au fur et à mesure que son tour approchait. C’était que le temps était strictement chronométré. Les femmes disposaient de deux minutes, pas une seconde de plus pour leur toilette, ce qui revenait à devoir se brosser les dents tout en lavant le corps et les cheveux… mais aussi les vêtements ! 

Extrait Lune siamoise

La promiscuité est également la règle. Comme partout ailleurs, les prisons thaïlandaises sont surpeuplées. A cela s’ajoute une violence latente. Bien sûr, on est loin de « Midnight Express » mais il n’est pas rare que des bagarres éclatent entre détenues pour quelque futile raison. Cependant, Moon m’a confié que pendant ces longues années de prison, ce dont elle avait le plus souffert, ce n’était ni la violence ni l’hygiène, ni la promiscuité, mais bien de ne plus pouvoir toucher sa mère et la nuit de ne plus pouvoir contempler la lune (siamoise) …

Un conseil, si vous voyagez en Thaïlande, soyez prudents. Habituellement, les touristes pris avec de la drogue font l’objet d’un peu plus de sollicitude que les autochtones. Ils peuvent s’en tirer avec une forte amende (et/ou un bakchich…) et éviter la prison. Mais parfois, au contraire, les autorités thaïlandaises cherchent à faire un exemple … Comme dans cette histoire vraie qui a inspiré le film « Brokedown Palace » (titre français : « Bangkok Aller Simple »).

On peut trouver ici la la liste des étrangers détenus en Thaïlande dans des conditions souvent abominables :

https://madmonkeyhostels.com/h2o_blog/drugs-thailand-advice-backpackers/

Condamnés pour plusieurs années (parfois 50 ans), ce ne sont pas des tueurs en série, juste des camés, touristes égarés ou anciens hippies. Cela fait froid dans le dos … Je me rappelle un jour alors que je me trouvais dans un taxi à Bangkok. La police a arrêté le véhicule et m’a fait sortir. Un policier m’a alors fouillé et tout d’un coup, il sent quelque chose dans la poche de mon jeans. Il me demande de vider ma poche et je découvre avec lui un vieux dafalgan décomposé par plusieurs lessives … Stress ! Le policier examine les résidus du vieux comprimé d’un air circonspect et me pose des questions. Après quelques palabres, le policier m’a fait mine de remonter dans le taxi à mon grand soulagement.

Kudi Chin, un quartier insolite à Bangkok

Sans parler des 50 millions de touristes qui la visitent chaque année (chiffres pré-covid), Bangkok est sans doute une des villes les plus cosmopolites du monde. Plusieurs communautés se sont établies dans des quartiers bien connus tels que Chinatown, Little India ou Korean Town.

Lors de leur visite à un chaman diseur de bonne aventure, Moon et son amie Bee nous amènent dans un quartier insolite de Bangkok: Kudi Chin.

Kudi Chin est peu visité par les touristes et pourtant ce quartier pas de charme. Il faut d’abord arriver. Kudi Chin se trouve sur la rive occidentale du fleuve Chao Praya qui sépare Bangkok proprement dit de Thon Buri. Après avoir traversé la Chao Praya, dès le débarquement sur le quai, on est frappé par le calme qui contraste avec l’effervescence jamais mise en défaut de Bangkok.

Et ö surprise, c’est une église portugaise qui nous accueille à notre arrivée à Kudi Chin, l’église de Santa Cruz. L’église date du début du siècle dernier mais la présence portugaise remonte au 18ème siècle. A cette époque, le roi Taksin avait concédé un lopin de terre aux commerçants portugais. Depuis lors une communauté catholique vit dans ce quartier calme aux ruelles étroites. Au fil du temps la communauté s’est mélangée avec d’autres cultures, bouddhiste bien sûr, mais aussi chinoise et musulmane.

Elles se perdirent dans le dédale des rues, passèrent devant la mosquée Bang Luang et finirent par demander leur chemin à un des moines novices d’un temple, qui, par sa blancheur et son style, semblait sorti tout droit d’un conte oriental. Elles revinrent ainsi sur leur pas et dénichèrent avec peine la maison du chaman adossée au temple chinois Kian Un Keng.

Extrait Lune siamoise

On trouve ainsi presque côte à côte, outre l’église de Santa Cruz, un temple chinois plus que centenaire (Kian Un Keng) dédié à la déesse Guanyin, une mosquée (Bang Luang) qui possède la particularité d’être la seule mosquée construite en style thaï et un temple bouddhiste d’une blancheur immaculée qui ressemble à une mosquée (Wat Molilokkarayan Ratchaworawihan) :

A la fin de votre promenade, le moment sera venu de s’arrêter à la pâtisserie Thanusingha pour découvrir la spécialité culinaire du quartier. Il s’agit d’un biscuit appelé Kanom Farang, que l’on pourrait traduire par « Douceur Occidentale ». Il se dit que la recette originale de ce gâteau siamois-portugais date de près de 250 années et remonte donc à l’implantation portugaise à Kudi Chin.

© Thanusingha Bakery
© Thanusingha Bakery

Bref, un petit tour à Kudi Chin est une visite agréable à recommander si vous avez un peu de temps et souhaitez découvrir un Bangkok un peu insolite.

Si vous voulez connaître la recette de ces gâteaux siamois-portugais, c’est ici (en anglais) :

https://www.atlasobscura.com/articles/siamese-portuguese-cupcake-recipe

Bangkok, les bars …

© Creative commons

Bangkok, la nuit, les bars, les filles. Une réalité. Le but de ces lignes n’est pas de poser un jugement moral. Beaucoup de jeunes Thaïlandaises, à l’instar de Moon, tombent dans ce piège de la prostitution. On estime entre deux cent mille et deux millions le nombre de travailleuses du sexe sous diverses formes en Thaïlande. Une des raisons de ce nombre élevé est certainement économique. S’il y a très peu de chômage en Thaïlande, les salaires sont particulièrement bas par rapport à la richesse globale du pays. Il n’y a également pas ou très peu de sécurité sociale. Beaucoup de Thaïlandais sont amenés à multiplier les petits boulots pour subvenir à leurs propres besoins. Et également à ceux de leur famille. Les plus âgés devenus incapables de travailler ne peuvent compter sur une pension d’Etat digne de ce nom (à l’exception des fonctionnaires). Il revient donc aux jeunes générations de prendre en charge leurs parents ou grand-parents.

De retour au studio, Moon retrouva Bee qui l’attendait, la prit dans ses bras, l’enlaça et sans bruit se mit à pleurer son innocence perdue. Elle voulut sécher ses larmes et ouvrit son sac. Les cinq billets de mille bahts gisaient là, froissés au milieu du fouillis de clefs, tube de rouge à lèvres et trousse de maquillage… En un jour, elle avait plus que doublé son capital !

Extrait Lune siamoise

S’y ajoute le cas des mères célibataires à la recherche de revenus complémentaires pour s’occuper de leurs enfants. Enfin, il y a les histoires comme celle de Moon, victime d’une erreur de parcours. En Thaïlande, les casiers judiciaires ne s’effacent pas et vous barrent la route à tout jamais dans la recherche d’emploi auprès des grandes entreprises. Pour beaucoup de jeunes femmes, la situation financière est devenue ainsi inextricable et travailler comme go-go-girl s’est imposé comme une solution pour vivre décemment. Il faut savoir que le métier de fille de bar est largement plus lucratif que les métiers « normaux ». Vivre plus confortablement que la moyenne est parfois aussi la justification avancée par certaines pour faire ce métier. Un sac MK, un iPhone dernier modèle, une montre Chanel est un luxe impensable que certaines peuvent ainsi se payer. Beaucoup de filles d’Issan descendent ainsi dans la capitale dans l’espoir d’une vie meilleure en vendant leur corps dans la nuit de Bangkok.

© Creative commons

Une dernière anecdote pour illustrer les conditions de vie des « petites gens » en Thaïlande. Un soir, je prends un moto-taxi pour me déplacer. C’était au moment de la Coupe du Monde de football. Après avoir dit que j’étais Belge, le conducteur me parle de Lukaku, Hazard et De Bruyne tout en slalomant entre les voitures. Le lendemain matin, je l’aperçois devant un hôtel officiant cette fois comme bagagiste. Et un jour plus tard, je m’assieds sur un tabouret d’un restaurant de rue et qui vient prendre la commande ? Mon chauffeur de taxi multifonctions …

Bangkok, les skybars

Bangkok vu de nuit du haut d'un skybar

Prendre un verre du haut d’un skybar fait partie des incontournables de Bangkok. La vue sur la cité qui ne dort jamais est imprenable. L’air y est plus frais et vous aurez la sensation délicieuse d’échapper à l’atmosphère parfois oppressante de la capitale siamoise. Les skybars sont légion. Vous aurez l’embarras du choix. Mes préférés (mais aussi les onéreux) sont le Moon bar, Lebua et Mahanakon. C’est ce dernier que Mario a choisi pour la visite de son ami Benoît à Bangkok.

La vue sur la mégalopole s’étire jusqu’à l’horizon teinté d’orange. Du haut du 77e étage, la ville se contemple à 360 degrés. Les gratte-ciels illuminés dans l’obscurité grandissante s’impriment sur un ciel sans nuage. La lune, pleine, semble plus proche que les voitures engluées tout en bas dans le trafic. D’ici, on peut deviner la frénésie de la capitale siamoise, sans être emporté par elle. L’air, doux, respirable s’est délié de la lourdeur de l’après-midi. Une légère brise fait tanguer la bougie sur la table.

Extrait Lune siamoise

Un conseil, si vous voulez éviter le coup de fusil, contentez-vous d’un apéritif et ensuite allez déguster la délicieuse cuisine de rue autant délicieuse que peu chère.

Sathorn, la tour maudite

Sathorn Tower
© creative commons

La tour Sathorn Unique Tower, aujourd’hui toute décrépie, n’est sans doute pas un modèle de beauté architecturale mais par contre elle possède une histoire particulière, ce qui fait son tout intérêt. En 1990, un architecte et promoteur immobilier thaïlandais du nom de Rangsan Torsuwan lance un projet ambitieux d’une tour résidentielle au bord du fleuve Chao Praya. Diplômé du MIT, Rangsan est un architecte à succès et a déjà réalisé d’autres projets immobiliers auparavant. Il est l’inventeur d’un style particulier en incorporant des éléments architecturaux greco-romains dans ses constructions. Rangsan vient de réaliser l’imposant centre commercial Amarin. Celui-ci qui abrite le premier McDonald en Thaïlande en 1985 connaît un succès fulgurant. On peut distinguer sur la photo d’époque les colonnes greco-romaines qui sont la marque fabrique de Rangsan.

© Retro Siam

Ce style, bien que contesté par les puristes pour son manque de pertinence dans le contexte thaïlandais, fut largement copié par la suite.

En 1990, la Thaïlande est en plein boom économique. Les capitaux étrangers affluent en Thaïlande. C’est l’époque des Tigres Asiatiques comme on les appelle (Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Philippines) et du miracle économique. A Bangkok, les buildings poussent comme des champignons. Rangsan a le vent en poupe. Il conçoit le design de la State Tower et de son fameux dôme qui ne verront le jour que bien plus tard. La State Tower est haute de deux-cent quarante sept mètres et est coiffée par ce fameux dôme d’or néo-classique haut de trente mètres, si caractéristique du style de Rangsan.

Image par unserekleinemaus de Pixabay

La nuit, illuminé, il est le phare de la capitale thaïlandaise. Le sommet de l’immeuble abrite un des skybars plus prisés de Bangkok, le Lebua.

© Nik Cyclist Creative Commons
© Axel Drainville

Rangsan réunit les fonds pour un nouveau projet, la Sathorn Unique Tower. Il s’agit une tour résidentielle haute de cent quatre-vingt cinq mètres logée au bord du fleuve Chao Praya et destinée à abriter six cent luxueux appartements. Fidèle à son style, Rangsan a prévu des balcons néoclassiques pour les appartements de la Sathorn Tower… L’endroit semble idéalement choisi. La vue sur le fleuve sera splendide. Au pied de la tour se trouve le pont Taksin qui permet de rejoindre l’autre rive du fleuve. Il y a également un projet de construction de métro aérien avec une station toute proche. Une localisation idéale donc à deux détails près comme on le verra plus tard…

Le 16 juillet 1993, c’est le choc. Rangsan est arrêté pour tentative d’assassinat ! Il est accusé d’avoir loué les services de tueurs à gage pour exécuter le président de la cour suprême thaïlandaise … Il est emprisonné et puis rapidement libéré sous caution. Sombre affaire comme la Thaïlande les aime. L’instruction va prendre quinze ans ! Plus de nonante juges vont se succéder dans cette affaire. En 2008, Rangsan sera déclaré coupable et condamné à 25 ans de prison… Mais il ira en appel et sera finalement acquitté en 2010, soit dix-sept ans après les faits incriminés ! On ne saura jamais le fin mot de l’histoire mais des rumeurs de coup monté par un concurrent circulent.

Même s’il ne séjourne qu’un jour en prison en 1993, son inculpation porte un fameux coup à la crédibilité de Rangsan. Il doit vendre son projet de State Tower. la construction de la Sathorn Unique Tower prend du retard. Cela va lui être fatal car en juillet 1997 éclate la terrible crise asiatique.

Les investisseurs découvrent tout d’un coup le déséquilibre de la balance commerciale thaïlandaise et retirent leurs capitaux du pays. Le mouvement a un impact violent sur la monnaie. La valeur du Thai Baht fond comme neige au soleil thaïlandais.

La crise est fatale à l’économie thaïlandaise. Les banques endettées en dollars sont étranglées. Les faillites s’enchaînent. L’économie de la Thaïlande s’écroule entraînant dans sa chute quasiment tous les pays asiatiques.

Rangsan déjà mal en point n’échappe pas à la déroute. La crise financière sonne le glas de la Sathorn Unique Tower.

La tour restera inachevée et vide pour toujours. Environ la moitié des appartements est terminée. Le gros oeuvre est terminé à quatre-vingt pour-cent. Les années qui suivent seront jalonnées de procédures judiciaires. Rangsan ne voudra jamais passer par pertes et profits son rêve. La Sathorn Unique Tower, inachevée, va demeurer perchée sur le fleuve, devenue vide d’occupants … mais pas de sens.

© jhillen69 Flickr

En effet, au fil du temps, malgré ou à cause de sa décrépitude, la tour est devenue un terrain de jeu pour pour les amateurs d’exploration de vestiges urbains. La tour connaît alors la visite d’explorateurs venus du monde entier venus visiter un vestige de la crise du capitalisme. Au début, l’exploration est facilitée par l’absence de barrières protégeant le site. Au fur et à mesure, les protections ont été renforcées, mettant au défi les explorateurs les plus audacieux.

La famille Rangsan reçoit de nombreuses demandes de sociétés de production audiovisuelle pour utiliser la tour comme décor de film. le nom de Superman a même été cité. A chaque fois, la famille refuse car elle craint d’attirer encore plus de visiteurs clandestins de la tour. Il faut dire que l’endroit est dangereux. Le sol est glissant. De nombreux trous ne sont pas comblés. De surcroît, les étages supérieurs ne sont pas pourvus de parapet.

La famille Rangsan fera une seule exception pour un film (d’horreur) thaïlandais « The Promise » tourné en 2017 et qui a pour décor la Sathorn Tower.

« The Promise » est un film d’horreur et il faut bien dire que la Sathorn Unique Tower s’est construit une sinistre réputation. Surtout auprès des Thaïlandais qui, friands de superstition, ont vite fait d’expliquer les heurs et malheurs de la tour.

Tout semble évident quand on regarde bien les choses. Cela ne pouvait que mal se passer quand on y pense. L’endroit semblait bien choisi ? Que du contraire ! D’abord, sacrilège, la tour par son emplacement fait de l’ombre au temple Wat Yannawa, un des plus anciens temples de Bangkok se trouvant non loin, qui abriterait des reliques de Bouddha. Ce n’était sans doute pas la meilleure des choses à faire pour s’attirer sa protection.

Pire encore, il se murmure que le terrain sur lequel la tour a été bâtie est un ancien cimetière …

Avait-on idée de construire sur un ancien cimetière et de déranger la quiétude des esprits des morts ? Tout le monde sait (en tout cas en Thaïlande) qu’il n’y rien de plus revanchard et pernicieux qu’un esprit dérangé dans son sommeil.

Bref pour les Thaïlandais, il ne fait nul doute que la cause des déboires de la Sathorn Tower est bien là. Et pire encore, il est certain que désormais les esprits des morts hantent la nuit les cinquante étage de la tour. La réputation maléfique a pris un coup supplémentaire quand en 2014 on a retrouvé le cadavre pendu d’un Suédois qui avait sans doute trouvé l’endroit approprié pour mettre fin à ses jours. Pour les Thaïlandais, la Sathorn Tower est définitivement devenue la tour fantôme !

On peut comprendre l’effroi de Moon quand son amie Bee l’entraîne dans les entrailles de la tour fantôme …

Moon était épouvantée. Au gré du faisceau des lampes, des ombres fugitives surgissaient à l’improviste sur les murs. Moon sursautait à chaque fois de frayeur. Elle s’imaginait les esprits des morts courroucés d’être dérangés dans leur antre par les deux filles. Moon semblait distinguer des bras, des jambes, des corps qui fuyaient sur leur passage pour réapparaître au détour du prochain couloir. Elle aurait voulu s’arrêter, faire marche arrière, ficher le camp de cet endroit maudit.

Extrait Lune siamoise

Source : YAAASTV

Ao Nang, port d’embarquement vers les îles

La petite station balnéaire d’Ao Nang dans la province de Krabi est le point de départ idéal pour partir à l’exploration des îles de la mer d’Andaman : Koh Lanta bien sûr, mais aussi l’île Bambou, Koh Kaï (l’île du poulet), Koh Moo (l’île du ochon), l’île Corail … Les amateurs de plongée y trouveront leur compte vu l’abondance de sites. On peut y faire des de nombreuses rencontres sous-marines …

C’est à Ao Nang que l’on retrouve Benoît et Mario à la recherche éperdue de Bee. Les deux amis, sans doute ayant pris un coup de chaleur, arrivent à se disputer au sujet du poisson Nemo (!?), de son vrai nom poisson clown. Les hommes quand même …

Après une heure d’exploration voluptueuse, Benoît remonte sur le bateau. Mario l’y attend, son téléphone portable à la main. Le soleil, à son zénith, miroite sur l’eau. Le bateau tangue doucettement. Benoît retire son masque. Les deux hommes se font face debout sur le pont du bateau. « Tu as vu le Nemo ? » demande Benoît, encore enjoué. Mario le fixe intensément et puis explose : « Mais qu’est-ce que tu crois ? Je n’en ai rien à foutre, mon pauvre vieux ! Putain, je suis en train de crever, tellement elle me manque, et toi, tu me demandes si j’ai vu Nemo ou Dory ? »

Extrait Lune siamoise

C’est aussi près d’Ao Nang à Koh Lanta que Mario rencontre Yohan. Si contrairement au nom, ce n’est pas sur l’île de Koh Lanta qu’a été tourné le premier épisode du jeu télévisé (mais bien à Koh Rok), par contre, ce qui est vrai c’est que l’on trouve là ,comme raconté par Yohan dans Lune siamoise, des serpents volants !!! Impressionnant comme on peut le voir sur cette vidéo de National Geographic :

Finalement, je crois que je ne suis pas prêt non plus à vivre à Koh Lanta …

Ogato, les alpes japonaises

Moon part en excursion avec son amie Yuki sur le mont Ogato au Japon, près de la ville de Nagoya.

À travers la grande fenêtre ovale cerclée de chêne japonais, le soleil se couche en toute majesté sur le mont Ogato. Au premier plan, nue dans le jacuzzi de la chambre, le corps constellé de mousse, Moon prend la pose, un verre d’umeshu soda à la main, sous le regard émerveillé de Yuki. Dans l’air flottent des notes capiteuses de shamisen. Le temps semble délicatement suspendu dans ce lieu haut perché au bout de l’Asie.

Extrait Lune siamoise

Je ne connais pas le Japon. je n’y suis jamais allé. Donc, je n’ai pas grand chose à écrire sur ce lieu. Mais c’était l’occasion de poster un coucher de soleil (il faut toujours poster un coucher de soleil sur son site). Donc voilà, c’est fait.

La rivière Kwaï

Rivière Kwai

Voilà un endroit que j’aime particulièrement. Non pas pour le fameux pont (qui est moche). Mais par la tranquillité qui émane de lieu situé à deux heures de route de Bangkok. Rien de mieux que de séjourner dans un petit hôtel niché au bord de la rivière et regarder l’eau lisse s’écouler lentement en sirotant un Mekhong-Sprite.

C’est là que Benoît et Moon prirent conscience de leur amour naissant.

Moon s’était étonnée elle-même d’indiquer ainsi le chemin de son cœur à un quasi-inconnu. Peut-être s’était-elle laissé envoûter par l’aura du moment. Le ponton semblait baigner dans une quiétude propice, à peine troublée par le clapotis de l’eau et le halo vacillant de la lanterne à huile.

Extrait Lune siamoise

Le weekend, la quiétude de la rivière est troublée par des « party boats » où des Thaïs font la fête en descendant la rivière au son de la Pop thaï.

Il y a plein de choses sympas à faire dans le coin, notamment visiter les chutes de Nam Tok ou d’Erawan.

Epilogue : la plage de Pran Buri

Encore un de mes endroits préférés La plage de Pran Buri se situe à trois de route Bangkok et à vingt kilomètres au sud de Hau Hin ! Bien sûr, ce n’est pas la plus belle plage de Thaïlande. Bien sûr, la mer n’est pas cristalline. Bien sûr, on ne peut plonger et faire coucou à Nemo. Mais c’est une longue plage pas trop bétonnée et peu fréquentée. Il n’y a pas de jets-skis, seulement de temps à autre une barque de pêcheur. Un endroit calme bordé par le parc national de Khao Sam Roi Yot.

Moon s’est levée à l’aube. Le soleil inonde déjà la mer d’une lumière crue. La longue plage de Pran Buri, au bord du golfe de Thaïlande, est balayée paresseusement par une légère brise matinale. Au loin, ronronne le moteur d’une petite embarcation sur le retour d’une nuit de pêche. La journée s’annonce longue, mais Moon a tenu à se lever aux aurores. Debout, à la fenêtre de la chambre d’hôtel, elle contemple les scintillements du soleil sur la mer. Elle veut jouir de chaque seconde de cette journée qui s’annonce comme la plus belle de sa vie. Dans quelques heures, elle revêtira sa robe blanche et son père l’accompagnera vers l’autel posé sur le sable, face à la mer. Elle prononcera ses vœux sous le voile en organza de soie.

Extrait Lune siamoise

C’est là, sur cette plage que je me suis marié avec Jiw.

C’est là aussi que Moon se marie avec un sort funeste (attention spoiler)